Application des corpus linguistiques aux traducteurs professionnels

Benjamin Aguilar Laguierce

« L’utilisation de corpus électroniques chez le traducteur professionnel : quand ? comment ? pour quoi faire ? », Rudy Loock, ILCEA, 27, 2016, Approches ergonomiques des pratiques professionnelles et des formations des traducteurs

Cet article de Rudy Loock cherche à démontrer que l’utilisation des corpus de textes est tout à fait applicable et profitable aux traducteurs professionnels. Il commence par démontrer que les traducteurs professionnels y ont déjà recours, notamment à travers les outils de traduction assistée par ordinateur (TAO) comme Trados ou Wordfast, très répandus dans le secteur de la traduction technique, ou encore par le biais d’outils terminologiques comparés, comme IATE ou encore Linguee.

L’utilisation de corpus alignés, c’est-à-dire qui mettent en regard et comparent le texte source et le texte, est tout aussi profitable, quoique plus complexe à mettre en œuvre. L’article se concentre alors sur les corpus faits-maison, à savoir des mini-corpus axés sur une thématique particulière qui peuvent s’avérer particulièrement utiles pour contribuer à rendre le texte transparent, comme s’il avait été écrit directement en langue cible.

Ainsi, pour appuyer son propos, Rudy Loock présente un texte à caractère économique qui traite du boom des États-Unis. Il donne pour exemple « The strong second-quarter growth represents a rebound from a first-quarter decline in GDP that reflects… ». Comment traduit-on, par exemple, rebound en contexte économique ? L’utilisation de dictionnaires ou encore de Linguee, par exemple, offre des solutions peu satisfaisantes. Il s’agit alors de recourir au corpus fait-maison composé de textes issus d’articles de journaux spécialisés en économie en nombre suffisant pour dégager des tendances (il parle d’un corpus de quelques 3500 mots, hors légendes de photos et discours rapporté).

Ainsi, pour decline, le logiciel d’exploitation de Corpus AntConc (logiciel de Laurence Anthony) utilisé fait état de termes comme contraction, recul, afficher un recul, baisse, tandis que pour growth, on observe les termes progression ou encore croissance.

C’est là un gain de temps pour le traducteur, qui n’a pas besoin de lire une grande quantité d’articles sur un domaine particulier. On peut vérifier un doute ou une intuition terminologique en interrogeant le logiciel de corpus.

J’ai moi-même eu recours à cette technique pour la traduction longue du Master, qui est en partie axée sur le jeu d’échecs et intègre une abondante terminologie très spécifique. J’ai regroupé plusieurs articles de journaux, guides de jeu, cours d’échecs en ligne, histoire du jeu et autres documents en un corpus pour vérifier ce que je n’arrive pas à trouver sur les autres outils linguistiques. L’avantage des logiciels d’exploitation des corpus est qu’ils permettent une recherche contextuelle, à savoir, par exemple, quelle préposition précède ou suit un verbe.

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